À première vue, cette initiative s’apparente à une victoire pour les défenseurs de la confidentialité. Mais comment les choses évolueront dans le temps ?
Alphabet, la société parente de Google, a récemment annoncé qu’elle avait une nouvelle idée pour remplacer les cookies de suivi. Après avoir envisagé le ciblage FLoC qui, selon elle, devait améliorer la confidentialité, cette technique a été rejetée par les défenseurs de la confidentialité.
La nouvelle idée, « API Topics », attribuera cinq centres d’intérêt par semaine aux utilisateurs en fonction de leur historique de navigation. Ces sujets resteront sur l’appareil et ne seront jamais partagés avec des tiers (contrairement aux cookies, qui sont souvent partagés aujourd’hui). En effet, les sujets resteront dans le navigateur pendant trois semaines et ne seront partagés qu’avec le site web consulté et ses partenaires publicitaires.
Pour l’heure, il existe environ 350 sujets, et Google prévoit d’en ajouter. Comparables à des centres d’intérêt, « sport » et « santé et bien-être » pourraient être des exemples de sujets. Si un utilisateur refuse l’API Topics, utilise le mode de navigation privée ou efface ses cookies ou sujets, la liste de sujets renvoyée au site web est vide.
D’après Google, il est plus facile pour l’utilisateur de contrôler les sujets que les cookies. Souvent, il n’a aucune idée de la façon dont ses informations sont partagées pendant qu’il navigue sur Internet. Avec Topics, l’utilisateur peut voir les catégories que Google partage avec les sites web et ses annonceurs et peut supprimer celles qu’il ne souhaite pas partager. Il peut même désactiver la fonctionnalité Topics.
Il reste encore beaucoup à découvrir de cette fonctionnalité, puisque Google continue de recevoir des retours sur Topics et lancera des tests dans les prochains mois. Cette fonctionnalité s’inscrit dans un projet plus grand appelé Privacy Sandbox, qui vise à aider Google à rivaliser avec des navigateurs concurrents plus axés sur la confidentialité sans nuire à son activité publicitaire.
À première vue, cette initiative s’apparente à une victoire pour les défenseurs de la confidentialité, car elle accorde davantage de contrôle aux utilisateurs. Topics semble être une réponse aux critiques à l’encontre de la technique FLoC selon lesquelles l’appartenance à un grand nombre de groupes pouvait servir de point de données pour identifier un utilisateur.
De notre point de vue, il reste cependant quelques points importants à éclaircir. Par exemple, qu’est-ce qui va empêcher les annonceurs de créer un profil sur les utilisateurs qui font usage des centres d’intérêt de Topics ? Il s’avère que les annonceurs ayant une présence sur plusieurs sites pourraient continuer de recueillir des données comme avec les cookies. Ce n’est pas parce que Topics supprime les points de données au bout de quelques semaines que les sociétés avec lesquelles les informations sont partagées en feront autant. Ces sociétés pourraient même vendre ou partager ces données avec d’autres acteurs. En d’autres termes, le fait de permettre aux utilisateurs de contrôler les sujets qu’ils partagent pourrait simplement être de la poudre aux yeux. Google pourrait suivre les centres d’intérêt des utilisateurs au fil du temps et créer un profil assez élaboré des utilisateurs individuels. En attendant d’en savoir plus, nous resterons vigilants sur ce point.
Si la société Google entend placer la confidentialité des consommateurs au-dessus de ses intérêts économiques, elle doit envisager d’abandonner le suivi des utilisateurs purement et simplement. Même si Topics semble être un pas dans la bonne direction, la réalité est qu’à ce stade, nous ne pouvons pas l’affirmer.