Ces temps-ci, il est difficile de distinguer le vrai du faux, et nous sommes nombreux à vouloir savoir à quoi on peut se fier ou non. En plus, on veut expliquer à nos enfants la différence entre réalité et fiction. Mais le passage au crible des réseaux sociaux, voire des bulletins d’informations courants, demande un certain travail. Dans cet article, j’ai réuni quelques ressources pour vous aider à évaluer la véracité de ce que vous lisez sur Internet.
Désinformation, mensonges, théories du complot... Peu importe le nom que vous donnez aux infox, leur quantité est impressionnante. En 2016, le dictionnaire Oxford a choisi « post-vérité » comme mot de l’année. Et les choses n’ont fait qu’empirer. Une étude menée par des chercheurs de l’université de Californie à Berkeley a découvert sur YouTube de nombreuses vidéos promouvant tous types d’affirmations (les extraterrestres ont créé les pyramides de Gizeh, le gouvernement cache des technologies secrètes, l’homme n’a jamais marché sur la Lune, etc.). Chacune de ces théories fait l’objet d’une vidéo distincte, mais il y a peut-être une vidéo qui les regroupe toutes !
Récemment, Facebook et Twitter ont supprimé des dizaines de comptes gérés par un réseau soutenu par l’État russe pour influencer les élections états-uniennes de 2020.
Les théories du complot ne sont cependant pas notre unique sujet de préoccupation. Même des sites Web semblant traiter des actualités peuvent n’être conçus que pour promouvoir la fraude au clic. Le rapport Simulated media assets : local news du chercheur russe Vlad Shevtsov prend pour exemple des sites d’informations locales aux États-Unis, apparemment légitimes. Ces sites ont créé des pages d’information à partir d’articles indémodables et d’autres services qui ont engendré de millions de vues (selon les analyses). Pourtant, ces sites présentent d’étranges caractéristiques, comme le fait de n’avoir été consultés presque que depuis des téléphones mobiles situés dans une zone géographique différente de celle des informations locales présentées. Malheureusement, ce sont de faux sites.
Détecter ces sites correspond à ce que font les entreprises de sécurité qui détectent les attaques de phishing (qui peuvent d’ailleurs impliquer ce type de sites). Nous vous expliquons tout ceci dans cet article sur le blog d’Avast.
Dans un rapport intitulé Potemkin Pages & Personas : assessing GRU Online Operations, Renee Diresta et Shelby Grossman, du projet Internet Observatory de l’université de Stanford, documentent la manière dont les services de renseignement russes créent de fausses données et publications. J’ai cité ces deux sources dans cet article rédigé à l’automne 2019. Ces faux sites présentent souvent des points communs :
- Le « blanchiment » narratif ou la transformation de quelque chose en un « fait », en le répétant fréquemment via des sources en apparence légitimes.
- Le piratage et les fuites, en publiant du contenu sur WikiLeaks ou autres sites, qui sera ensuite repris par des bulletins d’information.
Examinons quelques moyens de repérer ce type de publications et sites Web. Premier moyen : le projet « infodémie » de Mike Caulfield, chercheur à l’université d’État de Washington. Il a fait une étude de cas sur l’épidémie de coronavirus pour expliquer comment distinguer la réalité de la fiction. Sa méthode, appelée « SIFT », repose sur 4 étapes : s’arrêter, enquêter sur la source, trouver une meilleure version de l’information et remonter à la source originale du contenu. L’article dont nous avons fourni le lien ci-dessus décrit comment procéder et propose quelques techniques simples mais utiles pour vérifier des faits après une recherche minutieuse. Dans le même registre, l’émission de radio « On The Media » a dressé une liste de 11 points pour vous aider à déterminer si ce que vous lisez est vrai ou non.
Voici une autre technique radicale d’un de mes collègues en Italie, Marco Fioretti. Il suggère de faire une pause avant de répondre à un message sur un réseau social. Ajoutez un délai de 10 minutes à toute réponse instantanée aux messages de groupe, flux Twitter, et autres publications du genre. Cela pourrait ralentir la prolifération des infox. J’ai bien dit « pourrait ».
Le Newseum a organisé une formation durant laquelle vous devez déterminer si des vidéos sont vraies ou non. Elle s’adresse à des adolescents mais elle peut être utile à tout le monde. Sachez cependant que vous devrez créer un compte (gratuit) pour accéder à la formation.
Enfin, des écoles de journalisme ont créé divers programmes pour un large éventail d’étudiants, et dans cet article de 2017, le New York Times propose quelques programmes et suggestions pour le grand public.
Oui, vérifier des faits requiert un certain travail. Mais avant de cliquer sur le bouton « partager » pour diffuser du contenu à tous vos contacts, mieux vaut être sceptique et prendre le temps d’y réfléchir.
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