Les dangers qui guettent vos enfants sur Internet ne sont pas forcément ceux auxquels vous songez

Emma McGowan 5 janv. 2021

Les parents doivent s’adapter aux nouveaux risques auxquels les enfants font face sur Internet

Les parents issus des générations X et Y ont grandi en même temps qu’Internet, des modems 56k à la révélation Facebook et l’explosion des réseaux sociaux quelques années plus tard. Mais même si nous connaissons bien Internet, cela ne veut pas dire que les dangers auxquels les enfants sont exposés en ligne aujourd’hui sont les mêmes qu’à notre époque.

Nous avons appris à ne jamais divulguer notre véritable identité en ligne (d’où tous ces pseudonymes embarrassants sur AOL, le mien était MadonnaMiniMe). Nos parents nous ont mis en garde contre les étrangers pouvant s’infiltrer dans nos échanges en ligne (comment douter de ce danger alors que nous savions déjà ce que « cybersécurité » voulait dire à l’âge de 12 ans !). Nous avons pris garde à ne jamais révéler l’adresse de notre domicile (une idée qui reste très pertinente !).

Bien que la prédation en ligne soit toujours un problème, les enfants sont aujourd’hui confrontés à une foule d’autres obstacles dont les parents ne sont pas toujours conscients. Et c’est bien compréhensible : la plupart de ces problèmes n’existaient pas lorsque nous étions enfants, pour la simple et bonne raison que la technologie de l’époque ne permettait pas encore de telles dérives. Tout comme nos parents ne comprenaient pas exactement tout ce qui se passait en ligne quand nous étions plus jeunes, il est fort probable que ceux d’aujourd’hui soient tout aussi perdus. 

Mais quoiqu’il en soit, en tant qu’adulte, vous en savez tout de même toujours plus que vos enfants, quelle que soit leur maîtrise de TikTok. La psychothérapeute et auteur Catherine Knibbs, qui emploie le terme « cybertraumatisme » pour décrire certains des effets négatifs que les expériences en ligne peuvent avoir sur les enfants, appelle les parents à la vigilance.

« On nous répète que les enfants en savent plus sur le cyberespace que nous », explique-t-elle à Avast. « Ce n’est pas tout à fait vrai, car nous en savons plus qu’eux sur les comportements humains. Donc en fin de compte, nous en savons aussi plus sur Internet. »

Cela étant dit, il existe encore des dangers en ligne dont vous n’êtes peut-être pas au courant. Voici donc un aperçu de certains des cyberpérils auxquels vos enfants pourraient aujourd’hui être exposés, selon les meilleures recherches actuellement disponibles. Cela devrait vous aider à vous sentir mieux préparé à guider vos enfants dans le monde numérique.

Harcèlement en ligne

Le cyberharcèlement est un problème majeur sur toutes les plateformes où se retrouvent les enfants. Selon une étude menée au Royaume-Uni, The Annual Bullying Survey 2017, Ditch the Label, rien que sur les réseaux sociaux, 42 % des jeunes ont été victimes de harcèlement sur Instagram, 37 % sur Facebook, 31 % sur Snapchat, et 10 % sur YouTube. Le phénomène se retrouve également sur les plateformes de jeu en ligne.

D’après l’UNICEF, un enfant sur trois dans 30 pays déclare avoir été victime de harcèlement en ligne. Et bien que l’enquête d’Avast laisse entendre que les parents sont conscients de ce problème (89 % déclarent s’en inquiéter pour leur enfant), le harcèlement en ligne est encore un phénomène relativement nouveau. Cela signifie que de nombreux parents ne savent peut-être pas comment y faire face, ni à quoi il faut faire attention. 

Selon Catherine Knibbs, il ne faut pas perdre de vue que contrairement au harcèlement physique, il peut suffire d’une seule occasion pour être victime de cyberharcèlement (le harcèlement en personne est défini comme un comportement récurent, et non comme une simple occurrence). Comme le harcèlement en ligne peut être bien plus toxique, un seul événement peut avoir des effets négatifs durables sur la santé mentale d’un enfant. Consultez l’article d’Avast sur le cyberharcèlement ou le site de Catherine Knibbs pour plus d’informations.

Faible estime de soi

Et puisqu’on parle des effets sur la santé mentale, rappelons que passer trop de temps sur les réseaux sociaux n’est probablement pas bon pour les jeunes, en particulier les filles. En plus des risques de harcèlement en ligne mentionnés plus haut, une exposition constante aux photos filtrées et au photoshopping peut entraîner une mauvaise image de soi, tant pour les garçons que pour les filles. 

Les publicités et les photos de magazines constituent un bon point de comparaison pour les parents issus des générations X et Y. Nous nous souvenons bien de l’effet que ces photos de jeunes femmes filiformes et de ces hommes au corps d’athlète ont eu sur notre image de nous lorsque nous étions jeunes. Maintenant, songez à ce qui se serait passé si vous aviez regardé ces photos pendant des heures et des heures, tous les jours. Rien de bon pour l’estime de soi. 

Fort heureusement, de la même façon que l’on nous a appris à prendre du recul vis-à-vis de ce que l’on pouvait voir dans les magazines, il est possible d’enseigner aux jeunes comment faire le tri dans ce qu’ils voient sur Internet. Internet Matters a mis à disposition un excellent guide pour commencer.

Harcèlement sexuel 

Malheureusement, le danger que représentent les inconnus est partout en ligne. Vous le savez déjà certainement : 91 % des parents ayant répondu à l’enquête Génération Confinée se sont déclarés « inquiets que des inconnus parlent à leur enfants et leur demandent de partager des informations ou des photos privées avec eux. » Cependant, seuls 58 % ont dit à leurs enfants de ne jamais parler à des inconnus. 

Le décalage est notable. Il est important de dire aux enfants de faire attention à leurs interlocuteurs en ligne, même si ce n’est pas toujours facile pour les parents d’aborder ce sujet. Plutôt que de faire peur aux enfants en leur parlant des méchants qui sont partout sur Internet, Catherine Knibbs recommande de leur poser des questions pertinentes.

« Demandez-leur comment ils savent qu’ils parlent à un ami. Comment peuvent-ils savoir que ces inconnus sont vraiment qui ils prétendent être ? Qu’est-ce qui leur fait dire ça ? » Elle poursuit : « Il est important d’encourager la pensée critique, car c’est le meilleur moyen d’éviter le harcèlement en ligne. »

Vous voyez la différence ? Plutôt que d’essayer de leur faire peur (ce qui fonctionne rarement, dans bien des domaines), vous apprenez à vos enfants tout ce dont ils ont besoin pour naviguer seuls sur Internet. 

Exposition à du contenu explicite

« Internet est un monde pour les plus de 18 ans », déclare Catherine Knibbs. Et elle a raison : Internet n’a pas été conçu pour les enfants. Du contenu convenant parfaitement aux adultes est accessible à des jeunes qui n’ont pas encore la capacité de comprendre ce qu’ils voient. 

Parfois, les enfants tombent par accident sur du contenu à caractère sexuel parce qu’ils sont curieux du corps humain, et d’autres fois, des copains leur montrent des choses qui ne devraient être vues que par des adultes. Mais d’une façon ou d’une autre, vous pouvez être quasi-certain que les enfants seront exposés à du contenu pornographique à un jeune âge : l’âge moyen de la première exposition est actuellement de 10,3 ans, selon Enough is Enough. D’autres sites mentionnent l’âge de 11 ans, mais cet âge se base sur une étude de 2005 aux données obsolètes. Et compte tenu de la réticence de la plupart des enfants à aborder ce sujet avec des adultes, il est probable que l’âge réel soit encore inférieur.

C’est pourquoi il est extrêmement important que les cours d’éducation sexuelle mentionnent ce genre de contenu explicite et que les parents évoquent la pornographie lorsqu’ils ont cette fameuse « conversation sérieuse » avec leurs enfants. Si vous ne savez pas trop par où commencer, consultez cet excellent guide de Sex Positive Families. Cette organisation propose également un très bon webinaire pour vous aider tout au long du processus.

Phishing

Le phishing (hameçonnage) est un type d’escroquerie en ligne qui consiste à manipuler la victime afin d’accéder à des informations précieuses, comme des mots de passe ou des informations bancaires. Par exemple, un e-mail de phishing ressemble à un e-mail envoyé par votre patron pour demander une copie de votre feuille de paye alors qu’il s’agit en réalité d’un faux, envoyé par un cybercriminel. 

Le phénomène est apparu au tournant des années 2000 (les premières tentatives de phishing recensées par AOL datent de 1995), avant d’exploser ces dernières années. Et malheureusement, les jeunes sont plus enclins à tomber dans le piège que les adultes : Selon Get Safe Online, 11 % des jeunes de moins de 25 ans ont été victimes d’une arnaque de phishing, contre 5 % des personnes de plus de 55 ans.  

Le meilleur moyen de protéger les enfants contre le phishing reste l’éducation. Une étude de 2017 a révélé qu’enseigner aux enfants comment détecter une tentative de phishing était efficace pour réduire le nombre d’escroqueries dont ils étaient victimes, mais seulement à court terme. Des piqûres de rappel sont donc nécessaires. 

Tout comme le monde réel (ou, comme disent les générations X et Y, « dans la vraie vie »), le monde en ligne est parsemé d’embûches auxquelles vos enfants devront faire face à un moment ou à un autre. C’est une perspective effrayante, mais c’est aussi l’occasion de se rappeler qu’en tant que parent, votre rôle est de guider vos enfants dans les deux mondes. La recette ? Un peu d’éducation, un peu de bon sens… et surtout, la communication !



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