Faire face au problème de la reconnaissance faciale en matière de confidentialité

Byron Acohido 27 févr. 2019

À quel moment la surveillance publique généralisée commence-t-elle à porter atteinte à nos droits fondamentaux ?

J'ai ressenti un profond respect pour Satya Nadella après que le PDG érudit de Microsoft a récemment exprimé ses opinions fermes sur la nécessité de définir des paramètres de société clairs régissant la commercialisation croissante des systèmes de reconnaissance faciale.

Lors du Forum économique mondial à Davos en Suisse le mois dernier, Satya Nadella a pris la parole et a exprimé son inquiétude au sujet de la reconnaissance faciale (RF), utilisée pour la surveillance intrusive, et a déclaré qu'il saluait toute règlementation qui aidait à ne pas tirer le marché vers le bas.

Certes, ses commentaires interviennent un peu tard. Plus récemment, CBS News a révélé comment des systèmes de RF ont été déployés par une demi-douzaine d'organismes d'application de la loi au nord du Texas, dans certains cas sans que les habitants en aient eu connaissance (ou très peu).

Cependant, les géants de l'industrie et les dirigeants politiques ont amplement la possibilité d'œuvrer davantage pour le bien public sur cette question. Un tel cas de figure ne pourra avoir lieu que si les consommateurs restent informés, réfléchissent aux enjeux et font entendre leur voix.

Grâce aux progrès des capteurs numériques, de la puissance de traitement, des analyses de données et des réseaux neuronaux, la RF est devenue extrêmement rapide et précise. La RF fonctionne en appliquant des algorithmes aux images d'un visage humain, en corrélant les contours des yeux, du nez, des lèvres, des oreilles et du menton. Elle peut être très passive. Des capteurs non intrusifs, en mesure de suivre des visages en mouvement, peuvent être placés dans des recoins cachés et des algorithmes peuvent également être définis en vue d'évaluer des émotions.

Cette technologie particulièrement efficace est de plus en plus déployée pour gérer les accès autorisés aux écoles et aux lieux de travail. Les systèmes RF conçus pour prendre en charge les expériences d'achats, de voyage et même les services de santé sont bien partis pour une utilisation publique à grande échelle dans les prochaines années. L'intensité de cette croissance se reflète dans les prévisions d'Allied Market Research selon lesquelles le « marché de la reconnaissance d'image » augmentera de 17,91 milliards de dollars en 2017 à 86 milliards de dollars de revenus annuels d'ici 2025, soit un taux de croissance annuel composé de 22 %. Les systèmes d'identification faciale seront l'un des principaux moteurs de cette croissance, les utilisations pour les organismes d'application de la loi et les utilisations commerciales générales devant connaître une croissance spectaculaire au cours de cette période.

Une nuance non négligeable

Cependant, l'appel à la réglementation de Satya Nadella met l'accent sur les aspects nécessaires à ce moment décisif, c'est-à-dire sur les premières résolutions de certaines questions importantes relatives à la confidentialité et aux libertés civiles. Ce sont des questions cruciales sur lesquelles nous avons mené deux guerres mondiales lors du siècle dernier.

Au cours de ce siècle, nous sommes devenus complaisants vis-à-vis des capteurs permanents. Nous nous attendons à ce qu'ils soient en service dès lors que nous entrons dans une banque, un centre commercial ou un aéroport, ou même simplement pour faire un saut dans un bar ou se promener dans une rue en ville. Nous avons accepté cette situation comme une partie bénigne de la sécurité publique moderne. Cependant, les systèmes avancés de RF introduisent une nuance non négligeable. Voici comment Jay Stanley, analyste des politiques pour l'Union américaine pour les libertés civiles décrit cette nuance pour moi :

« À l'heure actuelle, nous savons tous que, lorsque nous nous promenons dans la rue, nous sommes filmés par un grand nombre de caméras vidéo et que la vidéo restera sur un disque dur quelque part et que rien ne lui arrivera à moins que quelque chose de dramatique ne se produise. Le souci principal de cette technologie est de nous retrouver dans une société de surveillance où votre justificatif d'identité est votre visage et où tout le monde vous surveille à tout moment en vous contrôlant. »

Il est maintenant courant que les caméras vidéo haute résolution transmettent des flux continus de données d'images à des logiciels de minage de données de plus en plus intelligents. Le risque croissant d'abus de la technologie vient s'ajouter à l'équation. « Nous parlons d'une capacité de surveillance extrêmement puissante qu'aucun gouvernement n'a jamais eu dans l'histoire de l'humanité », déclare Jay Stanley.

Au-delà de la théorie

Aux États-Unis, les défenseurs de la confidentialité ont rapidement contesté avec vigueur toute évolution susceptible de conduire sur la voie des abus autoritaires. Par exemple, le ministère de la Sécurité intérieure a récemment dévoilé un programme pilote de RF, soi-disant pour confirmer l'identité des agents des services secrets qui patrouillent dans le périmètre de la Maison Blanche. Les défenseurs de la confidentialité ont remarqué que deux caméras vidéo avaient été installées pour filmer les visages de personnes se promenant sur le trottoir. Le ministère de la Sécurité intérieure avait formé le système de RF à classer toute personne visionnée par ces caméras comme « sujet pertinent ».

Le ministère de la Sécurité intérieure a ensuite déclaré qu'il n'utiliserait pas ces données pour aider les opérations actives des services secrets. Nous sommes cependant allés au-delà de ce type de responsabilité où chaque partie prenante se renvoie la balle. Il suffit de jeter un œil à ce qu'il se passe en Chine, où le président Xi Jinping a déployé un réseau national de surveillance composé de 200 millions de caméras, soit à peu près quatre fois le nombre de caméras aux États-Unis. Xi a indiqué qu'il prévoit d'avoir 300 millions de caméras en place d'ici 2020.

La Chine utilise ce réseau de surveillance pour traquer les criminels et les fraudeurs, y compris les piétons indisciplinés, dont la punition est de voir leur visage affiché sur des écrans numériques géants en plein air, aux côtés de listes des noms des personnes qui ne paient pas leurs factures. La frontière entre le maintien de la sécurité publique et l'abus de technologies puissantes est devenue très floue en Chine.

Satya Nadella a absolument raison. Il est hors de question de laisser la commercialisation de la RF tirer notre confidentialité vers le bas. La ville de San Francisco aborde cette question en ce moment même. Aaron Peskin, membre du conseil de surveillance de la ville, a proposé d'interdire les technologies de reconnaissance faciale pour les agences de la ville et a appelé à un processus d'approbation pour tout achat de nouvelle technologie de surveillance par les agences de la ville.

Espérons que d'autres personnes en position de force et de pouvoir tiendront compte de cette considération et contribueront au bien public. À bientôt.


Byron Acohido est un blogueur invité sur le blog Avast.  Avast est leader mondial en matière de cybersécurité, en protégeant des centaines de millions d'utilisateurs à travers le monde avec un antivirus gratuit primé et en préservant la confidentialité de leurs activités en ligne avec VPN et d'autres produits concernant la confidentialité. Obtenez toutes les dernières nouvelles sur les cybermenaces d'aujourd'hui et comment les vaincre à l'adresse blog.avast.com/fr.

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