Le monde devenant de plus en plus dématérialisé, des questions telles que le bien-être en ligne et la citoyenneté numérique revêtent une importance croissante.
Comment allez-vous, les internautes ? Selon le tout premier rapport Avast sur le bien-être numérique, les résultats sont mitigés. Nous avons voulu analyser la relation entre les libertés sur Internet d’un pays, mesurées par son indice Freedom on the Net, et le bien-être numérique de ses citoyens. Et bien que certaines conclusions soient positives, d’autres nous ont fait réfléchir.
Nos recherches ont montré que les habitants des pays où la liberté numérique est plus grande courent moins de risques de cyberattaques que ceux des pays où elle est plus restreinte. Mais nous avons également constaté que la simple existence de politiques de confidentialité, plus courantes dans les pays où la liberté numérique est plus grande, peut ne pas suffire à assurer la protection de la vie privée d’une population.
« Nos conclusions révèlent que là où les gouvernements du monde entier restreignent la liberté en ligne de leurs citoyens, le risque que ces derniers soient victimes de cyberattaques augmente en conséquence », déclare Ondrej Vlcek, PDG d’Avast. « Ce phénomène est souvent lié à un PIB plus faible dans ces pays, conduisant à l’utilisation de systèmes plus anciens, plus exposés aux attaques, et à la consommation de contenus gratuits et potentiellement illégaux, souvent moins sécurisés. Toutefois, la distinction n’est pas nette : les habitants des pays où la liberté numérique est plus grande sont toujours confrontés à des attaques fréquentes, et nos résultats montrent qu’il y a encore du travail en matière de protection de la vie privée, dans les pays libres comme dans les pays sans liberté. »
Lorsque la plupart des gens parlent d’un déclin du bien-être numérique depuis le début de la pandémie, ils font probablement référence à des éléments tels que l’augmentation du temps passé devant un écran, la solitude et l’épuisement associé à Zoom. Mais si l’on prend du recul et que l’on considère le bien-être numérique d’un point de vue macro, plutôt que micro, il réunit un ensemble de paramètres beaucoup plus complexe. Ainsi, plutôt que d’examiner comment les individus se sentent depuis que la pandémie a bouleversé notre monde, nous avons voulu voir comment le bien-être numérique de populations entières a évolué.
Quel est le lien entre bien-être numérique et liberté sur Internet ?
Pour commencer : qu’est-ce que le bien-être numérique ? Avast définit le bien-être numérique comme une combinaison de liberté numérique, de cybersécurité et de confidentialité. Un internaute bénéficiant d’un niveau élevé de bien-être numérique peut utiliser Internet d’une manière ouverte, réglementée, privée, sécurisée et informée. Au contraire, un internaute présentant un faible niveau de bien-être numérique a accès à un Internet très restreint qui collecte des quantités massives de données personnelles, il est inondé de fausses informations et est exposé aux cyberattaques.
Afin de déterminer où se situent les différents pays sur l’échelle, nous avons combiné nos propres données concernant les risques de cybersécurité, l’âge des appareils et les problèmes de confidentialité avec le rapport « Freedom on the Net » de 2021 de Freedom House. Ce rapport annuel évalue le degré de liberté dont jouissent les internautes dans le monde en fonction de l’importance de la surveillance et de la censure gouvernementales, de la manipulation des discussions en ligne et de la perturbation des réseaux TIC.
« Ce rapport essentiel montre que les cyberattaques sont étroitement liées à la répression en ligne », déclare Mike Abramowitz, président de Freedom House. « Nous nous félicitons que le rapport Freedom on the Net de Freedom House éclaire le travail d’Avast pour renforcer le bien-être numérique. »
Moins de liberté et plus de risques
La principale conclusion de notre rapport sur le bien-être numérique montre que les personnes vivant dans des pays libres sont moins susceptibles d’être victimes d’une cyberattaque (30 %) que celles vivant dans des pays partiellement libres ou non libres (36 % pour les deux). Les chercheurs supposent que cette corrélation pourrait s’expliquer par un taux plus élevé de violation des droits des utilisateurs, l’interdiction des services de chiffrement, la surveillance gouvernementale à grande échelle, la collecte de données et la présence de portes dérobées utilisées pour la surveillance publique.
Les habitants des pays libres sont moins exposés aux cyberattaques
Score total et degré de liberté selon le rapport Freedom on the Net (plus le score est élevé, plus la situation est favorable) par rapport au risque de subir une cyberattaque selon les données d’Avast (plus le risque est faible, plus la situation est favorable)
Les auteurs ont également constaté que les pays partiellement libres et non libres ont tendance à afficher un PIB par habitant inférieur à celui des pays libres, ce qui signifie qu’ils sont plus susceptibles d’utiliser du matériel et des logiciels obsolètes et d’essayer d’accéder à des contenus et des logiciels via des sites de torrents. Seuls 28 % des utilisateurs des pays libres utilisent encore des systèmes d’exploitation obsolètes. En revanche, 38 % des utilisateurs des pays partiellement libres utilisent des systèmes obsolètes, ainsi que 41 % des utilisateurs des pays non libres.
Les personnes vivant dans des pays où la liberté numérique est moindre et où les logiciels obsolètes sont répandus sont plus exposées aux cyberattaques
Les utilisateurs des pays libres utilisent en moyenne des systèmes d’exploitation plus récents (toujours pris en charge par Microsoft avec des mises à jour logicielles et de sécurité), donc moins exposés aux attaques.
À quoi servent exactement ces politiques de confidentialité ?
Nos chercheurs ont avancé l’hypothèse que la généralisation et la lisibilité de politiques de protection de la vie privée solides seraient liées aux niveaux de liberté en ligne. En effet, des politiques de confidentialité complètes et lisibles sont souvent présentées comme la preuve publique que la vie privée des utilisateurs est protégée.
Ce qu’ils ont découvert est un peu plus compliqué. Si les pays libres sont plus susceptibles de mettre en place des politiques de protection de la vie privée (70 %) que les pays partiellement libres (52 %) et les pays non libres (47 %), il n’y a pas de corrélation directe entre le flou ou la lisibilité de ces politiques et le degré de liberté en ligne de ces pays. En outre, pour les comprendre, un niveau universitaire est indispensable : nous avons constaté que de nombreuses politiques de confidentialité étaient « difficiles à lire » ou « très difficiles à lire », selon la formule de Flesch.
Les politiques de confidentialité sont plus répandues dans les pays où la liberté numérique est plus grande
Les pages sur la vie privée sont plus nombreuses dans les pays libres que dans les pays partiellement ou non libres.
Même si les politiques de confidentialité sont plus répandues dans les pays libres, elles sont tout aussi floues et difficiles à lire que dans les pays partiellement ou non libres
Dans de nombreux pays libres, les politiques de confidentialité sont vagues ou difficiles à lire. Lisibilité : <46 % sont très difficiles à lire ; 46 à 58 % sont difficiles à lire ; imprécision : 0 % pour « aucun segment ne contient de mot vague » ; 100 % pour « tous les segments contiennent des mots vagues »
En d’autres termes : ces politiques de confidentialité ne servent peut-être pas à grand-chose.
« Les réglementations relatives à la protection de la vie privée telles que le RGPD en Europe et le CCPA en Californie exigent que les utilisateurs soient informés de la manière dont leurs données sont utilisées, pour une transparence accrue », explique M. Vlcek. « Cependant, si les politiques de confidentialité sont rédigées de manière vague et illisible, cet objectif est manqué. »
Le monde devenant de plus en plus dématérialisé, des questions telles que le bien-être en ligne et la citoyenneté numérique revêtent une importance croissante. À travers ce rapport et les suivants, Avast s’engage non seulement à aider les internautes à rester en sécurité et libres, mais aussi à mener des recherches et à publier des études sur la façon dont la vie en ligne de chacun peut être améliorée.