Les dangers de l’utilisation des données biométriques par les gouvernements

Joe Bosso 19 oct. 2021

L’adoption de l’utilisation des données biométriques par les gouvernements ouvre la porte à un avenir dystopique

L’une des informations importantes qui ressort du retrait de l’Afghanistan mené par les États-Unis est qu’une partie du matériel laissé sur place a été utilisée pour un programme de collecte de données biométriques. L’armée américaine avait utilisé des appareils pour capturer les empreintes digitales, les scans de l’iris et les images faciales afin de constituer une base de données sur la population afghane pour aider à combattre les terroristes.

Cet équipement portable de détection d’identité interagences (HIIDE) est désormais en possession des talibans, et il est à craindre que ces informations soient désormais utilisées pour traquer les citoyens afghans qui ont aidé les États-Unis et leurs alliés. Cela démontre le danger de la collecte de données personnelles biométriques sensibles et souligne le fait qu’elle doit être réduite au minimum. C’est inévitable, il arrive que des données personnelles fassent l’objet de fuites ou soient consultées par des personnes non autorisées. Ces dernières années, les fuites de données ont été de plus en plus fréquentes. Mais cela n’empêche pas les gouvernements ou grandes entreprises de collecter des données biométriques très sensibles. En fait, la collecte de données biométriques est également en augmentation. 

Le Government Accountability Office des États-Unis (Bureau de la responsabilité gouvernementale) dresse la liste de 24 agences fédérales qui utilisent actuellement ou prévoient d’utiliser la technologie de reconnaissance faciale. Six de ces agences mentionnent qu’elles l’utiliseront pour l’application des lois nationales.

À titre d’exemple, certaines personnes ont accepté que leur visage soit scanné pour monter dans un avion à l’aéroport. Cette technologie suscite des inquiétudes quant au respect de la vie privée, car elle pourrait facilement conduire à une surveillance de masse et à de fausses arrestations. Certains États américains ont déjà interdit l’utilisation de la technologie de reconnaissance faciale en raison de ces préoccupations, mais la plupart ne l’ont pas fait. Certes, cette technologie peut s’avérer très utile pour les forces de l’ordre pour prévenir les attaques terroristes ou traquer les criminels afin de les arrêter , mais elle a un coût important pour la vie privée.

Appareils populaires qui collectent des données biométriques

L’Apple Watch, Fitbit et d’autres appareils collectent les données de leurs utilisateurs depuis des années. Récemment, le Wall Street Journal a rapporté que les montres Apple seront bientôt en mesure d’enregistrer la tension artérielle et la température du corps afin de faciliter la planification de la fécondité. La collecte croissante de données de santé et biométriques est préoccupante. Il est tout aussi probable que ces données soient utilisées pour la discrimination par les prix (faire payer un prix plus élevé à quelqu’un en raison de certaines informations personnelles dont l’entreprise a connaissance) que pour faire progresser le diagnostic et le traitement de diverses maladies.


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Lorsqu’il s’agit de données collectées par le biais d’appareils personnels, les individus ont au moins la possibilité de ne pas porter une smartwatch ou de ne pas transporter un smartphone avec eux partout où ils vont. Cependant, lorsqu’un État de surveillance exploite la technologie de reconnaissance faciale pour suivre ses citoyens ou exige des scans faciaux pour avoir accès à des services essentiels comme les logements sociaux ou les soins de santé, la collecte de données biométriques est presque impossible à éviter. Imaginez que vous quittiez votre appartement pour rendre visite à un membre de votre famille tout en sachant que le gouvernement est capable de vous suivre tout au long de votre trajet. Il s’agit d’un exemple frappant de la façon dont une technologie invasive pourrait être utilisée pour détruire toute notion de vie privée.

Nous saluons les efforts des gouvernements qui interdisent l’utilisation de la technologie de reconnaissance faciale et espérons que d’autres pays et États suivront. C’est un dangereux précédent que d’autoriser la collecte massive de données biométriques, quel que soit le noble objectif poursuivi. Cette technologie est trop facilement détournée pour être utilisée à des fins dangereuses pour les libertés civiles. La Chine exige déjà des scans du visage de ses citoyens pour accéder aux logements sociaux, et prévoit maintenant de faire scanner les enfants pour jouer à des jeux vidéo en ligne. Il est peut-être préférable que les enfants passent moins de temps à jouer en ligne, mais nous pensons néanmoins que les inconvénients l’emportent sur les avantages, car la vie privée est considérablement réduite.

Une citation de Benjamin Franklin dit : « Ceux qui sont prêts à renoncer à une liberté essentielle pour acheter un peu de sécurité temporaire ne méritent ni la liberté ni la sécurité ». Cette notion est particulièrement pertinente dans le contexte de la surveillance gouvernementale. Nous savons que les gouvernements qui ont autant de pouvoir sur leurs citoyens sont susceptibles d’en abuser.

Si vous souhaitez vous opposer à ce type de pratiques de collecte de données, vous pouvez faire part de vos préoccupations aux politiciens et aux législateurs de votre région. En outre, vous pouvez prendre des mesures conscientes pour vous rendre anonyme en public (comme porter un masque ou un chapeau) et, surtout, désactiver autant de paramètres de collecte de données que possible sur vos appareils personnels.

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